Quand le Petit Reporter avait 20 ans, il était « …interdit d’interdire ! » A l’évidence, les temps ont changé depuis le coup de gueule de Jean Yanne. Si les 68tards rêvaient de belles utopies, vers quelles attentes portent les regards de la génération 2023 ? Assurément, vers la levée de certains interdits, comme ne le laisse pas supposer ce placard affichant, avec ostentation, une certaine notion bien de chez nous du concept du droit chemin. A l’évidence, les anars réunis il y a peu à Saint-Imier, n’auraient goûté qu’à moitié ce symbole du propre en ordre helvétique.
Résumons. A l’interdiction à toute circulation, s’ajoute, pour bien forcer le trait, celle destinée aux cyclistes, aux chevaux, aux piétons et aux skaters. Sont dès lors exceptés, donc autorisés à franchir cette ligne rouge, les chiens, mais, attention, pas les bipèdes attachés à l’autre bout de la laisse !
Plus bas, on relèvera une autre interdiction, à l’évidence superflue, celle de stationner pour tout véhicule qui, sait-on jamais, ignorerait le rond rouge sur fond blanc cité plus haut. Bordiers et personnes autorisées sont en revanche les bienvenus chez eux. Ouf, on respire pour eux !
Ce qu’en revanche l’enseigne ne dit pas, c’est la sanction réservée aux téméraires, aux trompe-la-mort, aux Winkelried, qui tenteraient d’ignorer cette sommation. On imagine le panneau illustré de gibet, potence, chaise électrique et autre échafaud.
Tous les Césars de notre République sont désormais avertis. En franchissant délibérément ce nouveau Rubicon, ils garderont à l’esprit qu’on ne rigole pas avec le règlement et que pour les pavés, contrairement à mai 68, faudra repasser. Ici, comme dans la rue Gay-Lussac, le bitume a recouvert les rêves de liberté de toute une jeunesse.