Du 22 au 30 juillet, Milan (ITA) accueillera les meilleurs tireurs de la planète, à l’occasion des Championnats du monde d’escrime de la FIE, la Fédération internationale d’escrime. Bien avant le coup d’envoi, la compétition, la discipline occupent la scène médiatique, au centre de laquelle « l’opération militaire spéciale » orchestrée par le Kremlin tient le premier rôle.
Dans ce contexte, la disparition du soldat ukrainien et ancien champion d’Europe et du monde juniors d’escrime, Denys Boryiko, 34 ans, tué au combat le 3 juillet dernier, ajoute encore de l’huile sur le feu de la participation ou de l’exclusion d’athlètes russes de cette compétition. Le dossier agite la FIE et le monde olympique, dont le Président du Comité international, Thomas Bach (GER), est lui-même un ancien escrimeur de classe mondiale et Membre d’honneur de la FIE.
Le contexte.
En mars dernier, la FIE annonce que les escrimeurs russes et biélorusses pourraient être autorisés à participer à ses compétitions, en qualité d’athlètes neutres, non membres d’un club militaire et opposés à la guerre, suivant ainsi les trois recommandations exprimées par le CIO. Insuffisant et tollé général dans les fédérations nationales membres, lesquelles annoncent l’annulation de plusieurs événements en Europe.
En juin, en marge des championnats d’Europe d’escrime à Plovdiv (POL), l’escrimeuse russe, Valeria Kobzeva, franchit une ligne rouge, en affirmant « …soutenir la guerre en Ukraine. » L’escrimeuse est membre du CSKA, le « Club sportif central de l’Armée ».
Toujours en juin et suite à cet incident, l'Ukraine propose d’interdire à tous les escrimeurs de Russie et de Biélorussie de participer aux épreuves de la Confédération européenne d'escrime (EFC). Pas anodin, sachant que le Président du Comité olympique russe, Stanislav Pozdnyakov, a été démis de ses fonctions de Président de l'EFC, l'année dernière à la suite de l'invasion de l'Ukraine.
En toile de fond de ce dossier, on se souviendra que la FIE a été présidée par l’oligarque russe, Alisher Usmanov, depuis 2008, avant que l’homme ne quitte précipitamment ses fonctions en 2022, sous la pression des sanctions de l’Union européenne.
Boycott.
Début juillet, les escrimeurs ukrainiens confirment leur boycott des compétitions individuelles aux Championnats du monde de Milan, dans le cas où des athlètes russes et biélorusses participeraient aux épreuves.
L’escrime, à l’instar d’autres disciplines olympiques, reste suspendue aux décisions encore attendues du CIO, dans le dossier de la participation d’athlètes de Russie et de Biélorussie aux JO de Paris 2024. Le temps presse, à quelque 370 jours de la cérémonie d’ouverture.
Pas sûr que la Trêve olympique, réactivée par le CIO en 1991, permette de « … préserver, dans la mesure du possible, les intérêts des athlètes et du sport en général et pour encourager la recherche de solutions pacifiques et diplomatiques aux conflits qui sévissent dans le monde. »
Et pendant ce temps là…
Selon la dernière mise à jour fournie par le Ministre des Sports ukrainien et Président du Comité national olympique, Vadym Gutzeit, en avril 2023, 262 athlètes ukrainiens ont été tués et 363 installations sportives détruites au cours de cette guerre.