La Jonchère, le 7 mai 2020 : Ainsi, le Conseil d’Etat prend soin de ses vieux républicains, du moins celles et ceux appartenant à la catégorie canonique des 65 ans et +, si affinité. Le Petit Reporter que j’incarne, jeune septuagénaire et représentatif de sa catégorie, a quelque peu « tiqué » à la lecture de certains passages de ce courrier cantonal, une missive bien tardive à nos yeux, dont l’esprit et la lettre auraient mérité une attention plus soutenue de la part de ses auteurs. Un péché de jeunesse.
Plus sérieusement, on se félicite de cette démarche qui en dit long sur le soin porté à la gestion de cette pandémie. Nos élus sont aux commandes et on s’en réjouit. Tout le monde sur cette planète ne peut pas en dire autant.
L’esprit de la lettre tout d’abord. Née en 1947, la retraite, dans son acception helvétique, commence à 65 ans, respectivement 64 aujourd’hui, pour les représentantes de la plus belle moitié de la Suisse. Un âge respectable pour l’époque et une décision appelée de leurs vœux par 80% des électeurs dans les urnes. Cette décision est celle de l’Helvète de 1947, les bras noueux certes, mais usés par la pénibilité, les heures de travail, des conditions de vie difficiles parfois, pour la plupart. Ces difficultés existentielles se lisent sur les visages, les postures de nos anciens. Les albums de famille en témoignent.
Aujourd’hui, le Suisse de 2020 ne ressemble en rien à celui de 1947. Aussi, nos élus fédéraux seraient-ils inspirés de revoir la position du curseur sur une échelle de vieillesse mise à jour. On se risque pour eux à un nouvel étalonnage. De 65 à 75, pour les plus chanceux, en majorité heureusement, on retire les bénéfices d’un investissement de quelque 40 années de travail, en saisissant et goûtant à toutes les opportunités qui sont offertes aux épicuriens que nous sommes. A partir de 80, la sagesse commanderait que notre Helvète prenne l’ascenseur plutôt que les escaliers. Quoique...
La lettre ensuite. On se réjouit et on le répète de la compassion manifestée à notre endroit par nos cadets politiciens en charge. Louable. Mais de grâce, épargnez-nous les « ...vous n’êtes pas oubliés… », « …vous êtes au cœur de nos préoccupations… ». Soit. On vous en remercie, mais on apprécierait un discours plus adapté à la nouvelle position du curseur. Conscients qu’ « aux âmes bien faites, la valeur n’attend pas le nombre des années », à 65 ans et plus, on en reste pas moins responsables, éveillés, conscients de la gravité des événements que nous traversons.