La Jonchère (SUI), le 20 mars 2020 : De gros nuages noirs entourent le Mont Olympe et sèment le doute quant à la tenue des Jeux de la XXXIIème olympiade de l’ère moderne, dont l’ouverture est prévue le 24 juillet prochain. Dans quatre mois seulement. Le CIO s’interroge et communique « ne prendre aucune décision radicale », tout en affirmant conserver la santé des athlètes au centre de ses préoccupations. Il devra, tôt ou tard, lever cette ambiguïté et se rendre à une évidence certes douloureuse, mais inéluctable : le processus d’annulation, de report est amorcé.
Des éléments techniques concrets soutiennent cette hypothèse. Si les sites tokyoïtes sont assurément prêts à recevoir athlètes et public, les infrastructures qui les entourent ne le sont pas et loin de là. En effet, pour celles et ceux dont les JO constituent, ou ont constitué l’essentiel de leurs terrains d’activités professionnelles, il est une vérité jamais démentie : les quatre derniers mois précédant la cérémonie d’ouverture sont stratégiques et le plus petit retard, ou la rupture du plus petit rouage de cette fragile mécanique, met en péril l’entier de l’édifice.
Médias, télévisions, sécurité, chronométrage, traitement de données, figurent au nombre des chantiers actuellement dans leur phase de déploiement sur les sites. Des mois, des semaines, des milliers de jours / hommes sont nécessaires pour le câblage, le montage, le réglage de ces régies temporaires, des cellules hyper connectées, aussi sophistiquées que fragiles. Or, à l’heure ou la planète invite tout en chacun au confinement, les sociétés en charge multiplient les voyages de leur personnel et l’envoi de leur matériel au Japon. Par milliers, par tonnes, hommes et installations vont et reviennent dans un rythme qui ne cessera de croître jusqu’au 23 juillet, veille des Jeux.
Jusqu’à quand les frontières resteront ouvertes à ce tourbillon ?
Comme sur un pas de tir lorsque s’égrène un compte à rebours, si le battement d’aile d'un papillon devait gripper le processus, c’est tout le lancement de la fusée qui serait stoppé net.