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PARIS 2024: ENTRE PATIENCE ET RESILIENCE.

Tetiana, coach ukrainienne de trampoline.
Jeudi, 07 septembre 2023

« Mon Pays est prêt au boycott de Paris 2024, avec à nos côtés une coalition de 35 états ! » C’est l’avertissement de Denys Chmyhal, le Premier Ministre ukrainien. Sa déclaration fait suite à la réunion du Comité olympique national, à l’issue duquel l’instance a déclaré : « … qu’il est temps d’adopter une position finale dans ce dossier complexe. »

Le Chef du gouvernement a précisé sans ambiguïté qu’il était hors de question que ses athlètes participent, même dans le cas où on donnerait une chance aux représentants de Russie et de Biélorussie de défiler sous un drapeau neutre. Sûr de son fait, il déclarait :« Notre drapeau sera présent à la Cérémonie d’ouverture (…). De cette manière, le monde constatera que l’Ukraine existe et existera dans le futur. » Une précision utile : A l’heure à laquelle sont écrites ces lignes, le CIO n’a toujours pas officiellement invité la Russie et la Biélorussie aux JO de Paris 2024, selon le Comité olympique national ukrainien.

Pendant ce temps, le sport ukrainien continue de vivre, dans les conditions de guerre que l’on imagine. Près des lignes de front, des installations endommagées, voire totalement détruites, composent désormais le paysage sportif du pays.

Au quotidien, les athlètes mobilisés se battent et paient parfois le prix fort dans ce conflit que personne n’a voulu. Malgré tout, des hommes et des femmes tentent de poursuivre leurs activités de formateurs, d’entraîneurs, auprès des plus jeunes, comme de l’élite. Un quotidien difficile, dans l’angoisse permanente d’une alerte, d’une explosion aveugle.

Le stade de  Mykolaiv après une attaque à l’été 2022.

Le bel exemple de Tetania.

A Mykolaiv, ville portuaire du sud de l’Ukraine en première ligne des combats, Tetiana Shuiska (54 ans) témoigne à elle seule du courage et de la résilience dont font preuve les athlètes ukrainiens. Cette ancienne championne de trampoline et Maître de Sport en trampoline de l’ex URSS est aujourd’hui formatrice de haut niveau et juge internationale.

Diplômée en histoire et sciences sociales, professeur d’éducation physique, deux brevets dispensés par les facultés de la Haute Ecole de l’Institut pédagogique de Mykolaiv, elle y enseigne sa spécialité à de jeunes talents dans une ville à portée d’artillerie. « Avec la guerre, les bombardements quotidiens, près de 70% des familles ont quitté la ville et avec elles deux de mes entraîneurs. Bien que nos installations soient partiellement détruites, nous continuons à nous entraîner et à nous préparer pour Paris 2024! »

Cette ukrainienne de caractère jouit d’une grande popularité dans le monde du trampoline international. Elle cultive et développe son réseau notamment grâce à sa position de juge internationale et de vice-présidente du Comité technique de la discipline administrée par la FIG, la Fédération internationale de gymnastique, une fonction qu’elle occupe depuis 1998.

Objectif Paris 2024, avec la peur au ventre !

Depuis ses débuts en trampoline, à l’âge de sept ans, Tetiana s’est constituée, au fil des compétitions, un palmarès impressionnant, en remportant de nombreux titres nationaux et internationaux. Elle entend aujourd’hui compléter son CV avec une nouvelle participation à des Jeux olympiques, une aventure qu’elle a initiée à Sydney (AUS) en 2000, lorsque la discipline a fait son entrée dans le programme du CIO. Dans son école de Mykolaiv, elle compte aujourd’hui plusieurs athlètes tant masculins que féminins, figurant  parmi l’élite européenne du trampoline. « Poursuivre nos entraînements, malgré la guerre, nourrit nos espoirs pour un meilleur avenir pour nous toutes et tous. La situation en ville s’est quelque peu améliorée. L’an passé, nous étions sur la ligne de front et subissions des attaques, des bombardements chaque heure. Un enfer ! Aujourd’hui, nous partageons notre quotidien avec de nombreux réfugiés ayant fui Kherson, Luhansk, Kharkiv. La vie se poursuit avec la peur au ventre.»

De g. à dr. :Troyan Dmytro, ancien élève de Tetiana, aujourd’hui coach ; les jeunes athlètes inscrits aux championnats d’Europe de la Jeunesse, Satin Nikita, Troyan Artur, Andriyenko Viacheslav et la coach nationale Tetania Shuiska

A ce jour, le contingent ukrainien de trampoline s’entraîne, pour une moitié en Allemagne et pour l’autre moitié dans le pays, à Odessa, Mykolaiv et Kyiv. Deux championnats nationaux sont inscrits au calendrier de 2023, à mi-septembre, « …si tout se passe bien ! » ajoute-t-elle.  

Tetiana et ses athlètes ne font aucun mystère de leur objectif commun, c’est une qualification pour les Jeux de Paris, l’an prochain. Tout à la fois un rêve et un espoir pour le sport ukrainien et les jeunes générations qui le composent, en quête de sérénité et d’un retour à la vie normale. « Nous comptons sur la solidarité internationale pour que nos athlètes vivent leur rêve dans une paix retrouvée. »

Son appel et ceux des actrices et acteurs du sport ukrainien seront-ils entendu des chefs de guerre ? On en garde le secret espoir.

Le sport porteur d’espoir pour toute une jeunesse. Les élèves de Tetiana aux championnat national jeunesse d’avril 2023, à Kyiv.

 

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Famille - Formation - Education (société)