Qui, parmi les 4417 spectateurs présents à la Maladière le 11.08.2023, se souvient de la 37ème minute, l’instant précis où la rencontre a hésité entre l’issue que l’on connaît, soit un sec 4-0 pour Xamax et un destin plus aléatoire ?
Le sort d’un match tient parfois au fil tenu de la décision du maître du jeu. Témoin d’une charge, il ou elle doit faire un choix. La mansuétude en laissant l’avantage, la rectitude avec la sanction qui en découle. Dans le doute, il s’en remet à l’assistance électronique. L’arbitre décide, fait un choix et tout à la fois un renoncement.
Mais revenons à cette 37ème minute.
Depuis un gros quart d’heure, Xamax mène au score. L’esquisse d’une issue positive n’est toutefois pas encore perceptible. En face, Thoune affiche une belle vitalité et traverse sans broncher le feu et le noir brouillard des démonstrations pyrotechniques du cop local. Conquérants, les bernois investissent le dernier carré xamaxien, le champ miné de la bien nommée surface de réparation. Volontaire, téméraire même, un jeune attaquant s’infiltre, balle aux pieds et se prend à rêver de but. Mais hélas pour lui et sa juvénile fougue, un ultime rempart neuchâtelois se dresse devant lui, le cueille au vol, le stoppe net, lui gratifiant au passage de la signature de sa pointure 43 griffée à trois bandes. Fin du rêve. Le jeu continue.
Avançons dans le temps et répétons la même scène, quelque quatre à cinq saisons plus tard. Avec les années, le cuir de la peau de ce même joueur « jeune, volontaire et téméraire » se sera certainement durci, au point d’acquérir toutes les ficelles de son dur métier. Et en vieux renard du foot, bousculé dans une surface aussi sensible, on s’abandonne à l’envie perfide d’obtenir un penalty réparateur.
A la 37ème minute de ce match, cette égalité de 1-1 aurait peut-être changé la physionomie du jeu et son corollaire, le score final. La fraîcheur et la volonté d’un jeune joueur en ont décidé autrement. Tant mieux. Et tant pis pour les partisans de singeries difficilement supportables.