FrancsJeux, le premier média francophone (et le seul), dédié au mouvement sportif international, vient de publier une interview exclusive de Denis Oswald (photo CIO 2013), avocat et figure neuchâteloise bien connue de nous toutes et tous. Ce magistrat siège au CIO depuis 1991 et à sa Commission exécutive du CIO depuis 2017.
Il commente et éclaire l’actualité sportive et la position de l’instance avec le franc parler et la rigueur intellectuelle qu’on lui connaît. Des propos qui remettent l’église au milieu du village olympique et que nous reproduisons, avec l’aimable autorisation de la rédaction de FrancsJeux.
La position du CIO pour des d’athlètes russes et biélorusses aux JO de Paris 2024 ?
« Elle a été très délicate pour le CIO. La commission exécutive s’est réunie très souvent pour en débattre, avec à un moment des réunions en visioconférence presque toutes les semaines. Dans un premier temps, ce qui a été perçu comme des sanctions contre les athlètes était en réalité des mesures de protection, pour assurer la sécurité et la régularité des compétitions. Puis nous avons consulté. Les comités nationaux olympiques, les commissions des athlètes… Il s’est avéré que la grande majorité des athlètes était favorable à un retour des Russes et Biélorusses dans le jeu. A la commission exécutive, nous nous sommes alors dit que le moment était venu de revoir notre stratégie. Mais les critères que nous avons définis sont assez stricts pour que la délégation d’athlètes neutres soit peu nombreuse à Paris 2024. Selon nos estimations, les Russes ne devraient pas être plus de 50 ou 60, contre 350 habituellement. Vladimir Poutine a dit qu’il n’empêcherait pas leur participation, mais son discours est politique. Au final, je pense que nous avons trouvé le juste milieu. Ecarter des athlètes sur la seule possession d’un passeport était en contradiction avec les valeurs et la Charte olympiques. Nous voulions respecter un principe des Jeux : rassembler et ne pas diviser.
(photo: fig/minkusimages) |
Des Jeux d’hiver en Suisse en 2038 ?
« L’histoire de cette candidature aux Jeux d’hiver est assez inattendue. Après les échecs successifs, le comité olympique suisse ne voulait plus y aller. Mais la fédération suisse de ski s’est rendue compte que le pays organisait entre 2022 et 2030 des championnats du monde ou des Coupes du Monde dans toutes les disciplines des Jeux d’hiver, sauf le patinage de vitesse. L’idée s’est alors imposée : pourquoi ne pas se mettre ensemble et préparer une candidature. Le projet des Jeux de toute la Suisse est né ainsi. A un moment, certains ont même pensé que la décision serait automatique : réunir tous ces événements pour avoir les Jeux. Avec un projet national, et non plus porté par un canton, le risque d’un référendum qui fasse tout tomber à l’eau était quasiment nul. Mais les votations, et le fait que tout prend plus de temps en Suisse qu’un peu partout ailleurs, nous collent à la peau. La candidature avait pu recueillir des déclarations d’intention verbales de la part des différents niveaux de décision, mais pas d’engagements formels. La commission de futur hôte a estimé que la Suisse manquerait de temps, pour 2030, pour obtenir les garanties nécessaires, localement et au plan national. Pour 2034, il était acquis que les Jeux revenaient à Salt Lake City. Elle a dit aux Suisses : prenez le temps de finaliser votre dossier, avec tous les soutiens nécessaires. Ils ont maintenant deux ou trois ans pour y parvenir. Ça devrait être suffisant. Mais la Suisse s’est sentie victime de son système démocratique. »
(L’entier de cette interview est disponible sur le portail www.francsjeux.com )