Le 10 janvier 2023 : Les images de l’arrivée du 10km féminin, dernière épreuve du Tour de ski, à Val di Fiemme (ITA), laisse en bouche le goût d’un ratage médiatique. La victorieuse Delphine Claudel (FRA) exceptée, les poursuivantes se sont littéralement affaissées, la ligne d’arrivée franchie, cassées par l’effort, d’un parcours où la pente avoisine parfois les 30%.
Les images de ce finish destructeur interpellent celles et ceux dont les valeurs du sport, compétitions comprises, célèbrent le bien-être, la santé, dans des efforts et limites librement consentis. Or, dans le cas présent, n’a-t-on pas atteint, voire dépassé lesdites limites ?
A ce niveau de compétition, la prise de risques fait partie de toute stratégie. Les descendeurs aux portillons des Lauberhorn et des Streiff, où les pilotes alignés sur une grille de départ ne nous diront pas le contraire. Aussi, la pesée d’intérêt entre « passe ou casse » prend une toute autre signification, lorsqu’il s’agit de sa propre santé. Jusqu’où ne pas aller ? Ce risque-là vaut-il bien une médaille ?
Des fédérations le prennent en compte, en corrigeant un tracé, un relief, en régulant la prise de produits interdits. Mais d’autres cèdent aux chants des sirènes du spectacle et de ses corollaires l’audimat et les droits TV. A l’évidence, les regards portés sur ce finish de Val di Fiemme diffèreront selon les sensibilités des professionnels de la santé, des fins analystes du marketing sportif et des élus des fédérations.
Le Petit Reporter se souvient de la remarque d’un formateur de haut niveau, référence internationale en termes de gymnastique artistique. A la question de tolérer ou non trois sauts périlleux d’affilée au-dessus de la barre fixe, sa réponse a clarifié le débat : « C’est deux. Mais deux beaux, s’il vous plaît ! »
Et si la manière triomphait parfois sur le seul résultat.
(Photo : screenshot RTS)