Le fait est connu. A hauteur de ses ambitions, le sport courtise le monde politique, tire les sonnettes des gouvernants, se sert de ses leaders pour financer ses projets événementiels, de nouvelles infrastructures, pour soutenir une candidature. Cependant, au regard de l’actualité internationale, on assisterait aujourd’hui à un revirement significatif de cette pratique, dans la mesure où c’est la politique qui recourrait au sport pour soutenir ses desseins. Démonstration.
Hier.
En 2005, en session à Singapour, le CIO doit attribuer l’organisation des Jeux olympiques de 2012. Le Président Chirac, en personne, est sur place pour y soutenir et défendre la candidature de Paris, ville largement favorite. En face, il y a Londres et Tony Blair himself, le Premier ministre britannique. Il y a surtout son épouse Cherie, qui a encore en travers de la gorge les propos du Président français, tenus quelques jours plus tôt lors des réunions du G8 de Glasgow. S’agissant de la gastronomie au pays de la Perfide Albion, l’homme aurait confié, mezzo forte à ses voisins de table que: « …vous ne pouvez pas vous fier à un peuple qui cuisine aussi mal que ça. ! » Damned !
La First Lady crée alors l’incident que personne n’attendait en apostrophant publiquement Jacques Chirac, lequel, visiblement dans ses little shoes, quitte précipitamment les lieux, sans avoir profiter des apartés pour parler et convaincre les délégués du CIO. Mortel déficit de lobbying et immédiat retour du balancier : Au vote, the winner is London pour 54 voix contre 50 à la favorite Paris !
Dans un registre plus modeste, lors de l’attribution, en mai 2006, de la XIVème World Gymnaestrada de 2011, les élus de la FIG, réunis à Kuala Lumpur (MAS), ont le choix entre trois destinations : Lausanne, Amsterdam ou Bruxelles. Sur le papier, les candidatures néerlandaises et belges, défendues respectivement par sa Madame la Maire et la déléguée de la fédération royale belge de gymnastique sont données largement favorites. Elles échoueront, car défendues par des seconds couteaux, malgré tout le respect dû à leur rang.
La capitale vaudoise ne s’est en effet pas privée d’actionner ses relais politiques au plus haut niveau et sort de son chapeau la Conseillère d’Etat de l’époque, Madame Jacqueline Maurer-Mayor et l’avocat Me François Carrard, une signature internationale et ancien Directeur général du CIO. En quelques phrases, leurs plaidoiries balaient les espoirs belges et hollandais. Une démonstration ! Au vote, Lausanne l’emporte pour 24 voix, contre 5 à Amsterdam et 3 à Bruxelles. Le talent politique au service du sport s’est exprimé.
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Et aujourd’hui ?
Retour d’ascenseur. Le sport se met au service de la politique.
Sur la question de la présence d’athlètes russes et biélorusses dans les compétitions internationales et a fortiori aux JO de Paris 2024, le ton se durcit entre CIO et le Comité olympique russe (ROC), pour qui l’instance olympique roule pour Kiev.
En réaction à cette exclusion, à ce boycott quasi général, c’est le pouvoir politique qui en appel au sport pour réagir. En effet, ce même ROC, aux ordres du Kremlin, est prié d’organiser une compétition planétaire, où seraient invités tous les athlètes de ses pays alliés. C’est ainsi qu’est née l’idée des Jeux des BRICS (Brasil, Russia, India, China, South Africa), un rendez-vous d’ores et déjà fixé en juin 2024, en Russie, à Kazan. Le mois avant les JO de Paris !
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Jusqu’ici, le sport russe s’est réjouit du soutien politique de ses édiles. Or, ces mêmes élus s’en remettent aujourd’hui à leurs athlètes et à ceux des pays « alignés » pour redonner des couleurs à son image internationale et au passage, tackler le tout puissant CIO.
A notre modeste niveau, cette actualité devrait nous inspirer et nous interpeller sur les rôles respectifs de nos enseignes sportives et celui de nos élus. Si les premiers ont le potentiel de porter les couleurs de la République au-delà de la Thielle et du Vully, les seconds affichent un curieux déficit de culture sportive et de son potentiel… politique !