L’information a de quoi surprendre, ou pour le moins interpeller les observateurs attentifs du sport et de l’actualité politique de ce monde. S’agissant précisément de sport et de politique, les avis divergent quant aux relations, intimes ou hostiles, qu’entretiendraient ces deux duettistes. Antagonisme déclaré, ou amours secrètes ?
Modestement, le Petit Reporter a son idée, un point de vue consolidé par son observation, sa lecture d’événements, passés ou récents. Raisons d’états, choix stratégiques ou nécessités économiques, ivresse de l’ego ? Sport et politique se servent allègrement l’un de l’autre. Pour toutes ces mêmes raisons.
Des faits.
A la lecture du calendrier à long terme de European Gymnastics, on retiendra deux événements majeurs. La compétition TeamGym 2024 d’une part et les championnats d’Europe artistique de 2027, d’autre part. Le premier événement se déroulera dans la capitale Baku (AZE), le second dans une autre capitale voisine, à Erevan (ARM). Le choix de ces deux villes-hôtes interpellera celles et ceux dont les incidents, la guerre même, sur fond de Haut Karabagh, n’ont pas échappé à leur analyse. Le sport plus fort que la politique ?
Certes, trois années séparent ces deux événements et beaucoup d’eau coulera encore sous les ponts de la géopolitique. Mais on peut, néanmoins, se réjouir que le sport, la gymnastique en l’occurrence, rassemble pacifiquement les pôles d’un antagonisme bien réel, autour d’un même praticable.
Un questionnement.
A l’observation, succède un questionnement. Quelle a été la démarche qui a guidé des élus de l’instance européenne de gymnastique dans ce choix ? Explication. Erevan était candidate pour les européens 2025. Trop court, a estimé l’exécutif européen. Le dossier a manqué de maturité et de garanties. Tel Aviv, l’autre prétendant, l’a emporté. L’Arménie a devant elle deux années pour élever son niveau technique.
Cela étant, une partie de la réponse pourrait se nourrir de la position et la personnalité du Président d’European Gymnastics, l’azéri Farid Gayibov, 43 ans (photo EG). Depuis ses premiers pas au sein de sa fédération nationale de gymnastique, il n’a cessé de s’élever dans la hiérarchie sportive, au point de jouir aujourd’hui, d’une popularité et d’une probité reconnues à l’internationale. Un pic est atteint en 2021, lorsque le Président de la République azérie, Ilham Aliyev, lui confie le portefeuille du Ministère de la Jeunesse et des Sports. Une promotion applaudie des deux mains par la Première Dame, Mehriban Aliyeva, certes épouse du Président, mais également à la tête de la fédération nationale de gymnastique !
A ce niveau de responsabilités, de pouvoirs et compte tenu de la personnalité de Farid Gayibov, connu pour son engagement pour l’éducation physique et le sport dans le monde, notamment auprès de l’UNESCO, on comprend mieux la démarche d’inscrire ces deux capitales, aujourd’hui antagonistes, sur la feuille de route de la gymnastique européenne. Un Ministre investi d’une mission de paix ?
Et si le sport se mêlait de politique, ce serait, dans le cas précis, tout bénéfice et pour l’un et pour l’autre.