La Jonchère, le 21 avril 2020 : La liberté d’expression autorise, et on s’en félicite tous les jours, la manifestation de son opinion, ses convictions, sur la place publique, dans les médias. Cette même liberté n’interdit pas de s’opposer auxdites opinions, en exprimant sa différence, en s’autorisant une remise à l’heure de quelques pendules égarées dans le gousset de prétendus visionnaires.
Les semaines, les mois difficiles que nous traversons ont le mérite de faire sortir du bois celles et ceux dont le confinement altère quelque peu le sang-froid, le calme, la raison, autant de ressources dont nous avons tous besoin pour réussir et vaincre cette crise. Ils apparaissent, masqués pour les plus éminents, en semant doute et terreur, leurs armes favorites pour séduire les plus vulnérables. La peur, depuis que l’invisible existe, fonctionne à tous les coups. Sur ce plan-là, ces masqués n’ont rien inventé.
La recette est toujours la même. Dans un premier temps, on caresse dans le sens du poil. Imparable. Dans le cas précis, on nous demande de nous protéger, de ne pas sous-estimer le danger. Ben voyons ! Merci tout de même de nous le rappeler. Puis, plus loin dans le texte, on touche le fond du sac. Et là, on se pince pour ne pas rêver.
« (…) la vague tant crainte n’a pas eu lieu. (…)» C’est presque dommage, croit-on entendre, comme si les 1135 morts (19.04.2020) ne suffisaient pas et que les mesures prises ont trop bien fonctionné. Plus loin, on lit que « …le confinement détruit complétement notre économie. (…) un Suisse sur quatre est au chômage complet ou a perdu son emploi. (…) les petites entreprises sont proches de la ruine. » Pour un peu, des chars soviétiques seraient en position aux Bugnenets, tubes pointés sur Cernier !
La situation est sérieuse, préoccupante, existentielle pour certains. C’est un fait que personne ne conteste. Mais de grâce, gardons la tête près du bonnet et jetons un œil à l’étiquette avant de boire le flacon que l’on nous présente. Aux auteurs de telles annonces, on rappellera que la peur est de loin la pire des conseillères. Et à propos de conseillers, on en a élu sept à Berne, qui dirigent, avec leurs staffs, dans le calme, avec sérieux et avec des résultats.
Tout le monde, dans nos démocraties, ne peut pas en dire autant.