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LA FIG SOUS INFLUENCE ?

Gymnastes russes et biélorusses autorisés aux compétitions internationales
Mardi, 25 juillet 2023

L’Exécutif de la Fédération internationale de gymnastique (FIG) a décidé d’ouvrir la porte de ses compétitions aux gymnastes russes et biélorusses. L’argument: « En acceptant que des gymnastes russes et biélorusses participent à des compétitions en tant qu’athlètes neutres indépendants, la FIG s’assure que les droits de tous les athlètes sont respectés et envoie au monde le message que la gymnastique recherche la paix. » dixit le texte du communiqué de presse. La nouvelle, qui aurait dû embraser les unes des journaux, n’a, au final, qu’effleurer l’opinion, tant la décision était attendue.

Ainsi, la Fédération envoie au monde son message de recherche de paix, sans se poser la question du contexte urbi et orbi qui entoure sa décision. Le Petit Reporter lui se la pose et suggère une autre lecture de ce texte. Il livre un autre avis que lui inspire les 22 années passées sur les praticables et dans les coursives de l’instance. La décision rendue par l’Exécutif traduit un aveu de faiblesse et une piètre image de la FIG que lui renvoie son propre miroir.

Pour une poignée de dollars.

La FIG s’aligne ainsi aux recommandations olympiques. Certes, la position est partagée par d’autres instances, affolées elles aussi, à l’idée de s’écarter de la voie tracée par Vidy et des conséquences sur les millions de dollars de sa redevance quadriennale. Le plus petit murmure  d’une autre mélodie pourrait tarir le bisse qui coule de l’Olympe et fragiliser la position de la gymnastique dans le trio de tête des sports olympiques, respectivement de son poids en espèces sonnantes et trébuchantes, au terme de chaque olympiade.

Ce serait une raison, un aveu de faiblesse aux yeux de certains observateurs convaincus du fait. Pour d’autres, les motivations profondes de cette décision seraient ailleurs. En effet, la gymnastique vivrait une autre actualité, plus politique, une atmosphère malsaine qui affecte les relations entre ses autorités élues.

Le ver est dans le fruit.

Depuis des lustres, l’Exécutif compte parmi ses élus des membres influents, puissants, dont la sympathie pour le Kremlin n’a jamais été cachée et encore moins démentie. Ces infiltrés, tant masculins que féminins, ne se seraient pas privés d’imprégner et d’influer sur le cours de l’histoire de la Fédération, au gré des décisions figurant à son ordre du jour. Ils et elles se manifesteraient à tous les étages de l’organigramme, de la vice-présidence, à la plus petite Commission.

Aussi au vu du succès de ce dénouement, l’intégration d’athlètes neutres aux compétitions internationales passerait en vérité pour une victoire et une jubilation à peine contenue, mais  bien réelle pour le sport russe et biélorusse tout entier. La main sur des piles de bibles, ces  élus claironneront que leur pseudo sympathie avec le Kremlin relèverait de la pure fiction. Cette confession sonne creux à la lumière d’une lecture plus historienne que politique de l’influence russe au sein de la gouvernance fédérale depuis des lustres.

Neutre, sans drapeau et pacifique.

Les conditions du CIO sont claires. Vidy recommande de maintenir l'exclusion de toutes les équipes russes et bélarusses et de restreindre l’accès aux Jeux aux seuls sportifs "détenteurs d'un passeport russe ou bélarusse, pour peu qu'ils concourent à titre "individuel" et sous bannière neutre, qu'ils n'aient "pas activement soutenu la guerre en Ukraine" et ne soient pas sous contrat avec l'armée russe ou les services de sécurité ». Soit. Mais il n’est un secret pour personne que la quasi-totalité des gymnastes seraient formés dans les clubs proches de l’armée, du pouvoir et par conséquent totalement acquis aux thèses du Kremlin.

Dans ce contexte, le même Petit Reporter ne compte plus les souvenirs de manifestations ostentatoires à la gloire de la Rodina et plus gênant encore, le mépris du comportement sportif, que l’on serait en droit d’attendre de ces sportives et sportifs d’élite. Arrogance et suffisance émergent des qualificatifs entendus en voix off par les témoins de ces débordements proches de l’hystérie collective.

Dans ce contexte politique trouble et digne de Jeux de Pouvoirs, le même Petit Reporter s’en remet à la recommandation de son collègue Président des journalistes sportifs ukrainiens (relire l’article « Le quotidien sous les bombes ») : « Avant de crier à l’exclusion, que les sportifs russes et biélorusses se tournent vers leurs propres fédérations nationales de tutelle et qu’elles s’adressent au Kremlin pour mettre fin à cette guerre ».

Une bien belle idée effectivement. Mais pour son accouchement, ventouses et forceps n’y suffiront pas.

 

 

 

Type d'article: 
Culture - Politique - Loisirs (société)