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IL NE FAUT PAS POLITISER LE SPORT!

Trop tard!
Mercredi, 30 novembre 2022

Ne pas politiser le sport. Ben voyons, cela va de soi, relève de l’évidence pour certaines et certains. Et pas des moindres ! Mais au-delà de l’agitation que cette annonce n’a pas manqué de provoquer, elle interpelle l’acteur et l’observateur du sport que le Petit Reporter fut des années durant. 

C’est en effet ignorer que le sport est politique depuis les premiers Grecs, dans leur premier stade, au premier jour des premiers rendez-vous d’Olympie. C’est aussi une évidence, une réalité quasi mathématique. Sport et politique partagent le même lit depuis leurs premières amours. Platon le confirmerait. Le dépolitiser serait plus approprié. Mais une telle mission relèverait d’une impossibilité tout aussi algébrique.

Cela étant, la politique a deux visages. Relative à l’organisation d’un pouvoir, cette action peut incarner le pire comme le meilleur, dans tous les registres de notre société. Le sport en fait partie. Malheureusement, comme le train qui arrive en retard, c’est le pire qui fait régulièrement la une de nos médias favoris.

Deux exemples.

A tous les étages du sport, avant même le match, la rencontre, le jeu politique déploie ses intrigues, déroule ses grosses ficelles. Il y expose ses divas des prétoires, ses magiciens des formules. Parfois, ce jeu franchit la ligne du hors-jeu, sifflé par celles et ceux dont la seule politique est l’éthique, la convenance, la rectitude. Comme partout ailleurs, parfois trop c’est trop.

Au ras du gazon , du talus, comme à la pointe de l’Olympe, cette politique s’observe dans le « simple » choix d’un site, d’une ville pour un événement. Un exemple ? 1996 : année du centenaire des JO d’Athènes de 1896. La capitale grecque, qui tient à cette célébration, est sur les rangs (avec Manchester, Melbourne, Belgrade et Atlanta). Mais, après cinq tours de scrutin (tout de même), c’est Atlanta et son soda, proud sponsor depuis 1928, qui l’emportent. La Cigüe, c’est pour Socrate et les siens.

Un autre exemple, récent et tout près de chez nous, révèle à sa manière une forme d’intrusion  politique sur le terrain sportif, lorsque les initiateurs d’une Maison du Sport Neuchâtelois avance le projet de l’implanter dans les murs de l’actuel Mycorama à Cernier.

L’élu politique consulté avance deux motifs de refus. Le premier, concrètement discutable, « ce lieu (le Mycorama) a pour vocation la formation, la promotion du terroir et la culture ». Le second, politiquement plus astucieux, « …vu la forte émulation sportive des montagnes neuchâteloises, …. le site de La Chaux-de-Fonds nous paraît beaucoup plus approprié pour une telle implantation. » Traduit en français, tout le monde lira, y compris les initiateurs du projet, que pour Cernier, on peut toujours repasser, mais qu’en revanche et pour apaiser les frustrations sportives du haut du Canton, le choix de la Métropole horlogère serait, politiquement, plus compatible.

Pour le meilleur ou pour le pire, la politique dans le sport éclaire cette réflexion de l’incontournable Lao Tseu : « Celui qui a inventé le bateau a aussi inventé le naufrage. »

 

(Photo: Claude Comte / ANPS)

Type d'article: 
Culture - Politique - Loisirs (société)